Acte analytique et Acte de création. Du « manque-à-jouir » au « plus-de-jouir »

Je vais avancer avec vous dans une voie risquée parce que parsemée de pièges.

Il s’agit de franchir le seuil où l’être n’est plus, et l’analyste n’est pas sans savoir qu’à l’approche de ce point, tout porte à reculer.

Mais, s’il consent au champ qui s’ouvre alors, au-delà, le fait de parler peut le faire accéder à un discours, le discours analytique, de la plus haute valeur, puisqu’il consiste en un savoir nouveau, celui du jouir.

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Le séminaire 2010 – 2011. « Du divin au divan »

Si je n’avais pas accepté d’être travaillé par quelque chose qui me poussait à écouter l’énigme sans fin du final du Don Giovanni de Mozart, je n’aurais sans doute jamais pu traduire le discours analytique dans les pas de Lacan.
J’ai compris plus tard que le cri de Don juan me faisait passer du divin au divan, en ouvrant son mythe à tous les sens.

Je ne savais pas alors que je m’avançais sur la scène du monde sans la pâle jouissance du masque de fer de l’être dont se réclame Descartes, pour y trouver le pas de Marx et son capital, y saluer mon compatriote Gustave Courbet et « l’origine du monde », questionner l’ordre de l’Eglise et rendre hommage à Freud et Lacan.

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Travail de texte écrit dans l’après-coup de la conférence à l’Unesco « le droit du féminin »

Fortune du féminin*

René Descartes est assis à sa table de travail. Il regarde les objets posés devant lui. Il les connaît bien; c’est avec eux qu’il passe le plus clair de son temps.

L’un d’eux lui apparaît tout à coup étrange de n’être pas comme les autres. Il est bien forcé de le reconnaître puisqu’il ne le quitte plus des yeux : c’est le registre que lui a donné il y a quelques mois son professeur Isaac Beeckman.

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Le point que nous sommes

Art Psychanalyse Politique

Il peut s’entendre, dans notre séminaire « Image de la vie, vie de l’image », que ce qui nous attache à l’image, c’est que nous sommes des êtres à deux dimensions. Malgré l’apparence, nous n’avons pas le sens du volume.

Le penser et la pensée tournent en rond dans une sphère, selon des règles définies. Le temps relève de la même topographie. Comme le fait entendre la langue, il « s’fait », comme l’espace, à notre image. Nous avons une vocation pour le plan, le nom.

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Esquisse d’un tableau historique du christianisme[1]. Hommage à Condorcet

Vous avez peut-être perçu, en entrant dans ce bâtiment, quelque chose, qui a pu vous rappeler les évènements qui se sont déroulés en  2006, en 1968… mais aussi autre chose.

Nous sommes ici, dans un ancien collège catholique créé en 1255 par le confesseur de Saint Louis, Robert de Sorbon, pour accueillir les jeunes élèves sans fortune. Un enseignement, essentiellement théologique, y était dispensé et son importance fut telle qu’il jouera le rôle de tribunal ecclésiastique.

A la fin du XVI siècle, l’établissement qui a pris le nom « Sorbonne » en 1554,  menace de s’écrouler. Il trouve en la personne d’Armand du Plessis de Richelieu, proviseur de La Sorbonne en 1622, le protecteur actif qui le reconstruit de fond en comble posant le 1er mai 1635 la première pierre de la chapelle qui renfermera son tombeau.
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Le psychanalyste de la vie moderne[1]

Hommage à Charles Baudelaire

En 1929, examinant le « malaise dans la civilisation », Unbehagen in der Kultur, Freud pouvait bien soutenir que son remède ne pouvait être la bienveillance, la bonté, l’amour du prochain, notre hypothèse est qu’il touchait du doigt, par le génie de la langue allemande, ce qui ne convient dans la civilisation, un-behagen, plus précisément, l’existence du manque, un, au sein de ce qui convient,  behagen.

Ce déplacement dans les avatars de la civilisation  prépare l’annonce de ses propres butées dans l’étude de « la sexualité féminine » en 1931 et de « la féminité » en 1932 qu’il aborde de la même façon, à partir du pensable.

Ce qui est étonnant, c’est que le penseur Freud oublie le pas que sa muse, Lou Andréas- Salomé, lui a permis de faire en 1931 à l’occasion de son 75 ième anniversaire où nous avons supposé[2]qu’il aura reconnu la découverte en lui de la dimension du féminin qu’elle lui donnait à entendre, secrètement.
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L’inconscient pas sans la modernité[1]

Jean Charmoille (Insistance)

Qu’est-ce qui serait dommageable dans notre modernité?  Le pouvoir des images. Nous serions victimes de leur omniprésence.

Trop, c’est trop. Devant l’évidence de la pensée du manche, Jean-Luc Godard sort de sa coulisse et monte sur la scène du monde pour clamer ce que le bavardage ordinaire ne peut pas dire :

« l’image n’existe quasiment pas aujourd’hui. Par contre existent beaucoup les mots sur une image (…) aujourd’hui, ce ne sont pas du tout les images qui font la loi, vous pouvez leur mettre n’importe quoi comme commentaire : elles sont bon enfant, elles sont gentilles, le cinéma n’est pas méchant en lui-même(…) on dit qu’on voit que des images partout,  mais on ne voit pas une image qui vous parle. »[2]
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La musique et le discours analytique [1]

Le Finale du Don Giovanni de Mozart, donné en 1995 à Amsterdam par The Englisch Baroque Solist sous la direction de John Eliot Gardiner, introduit le questionnement…

Qu’avons-nous entendu en écoutant et en voyant ce Finale du Don Giovanni[2]?

Que la musique de Mozart peut conduire Ailleurs[3] à partir de quelque chose d’inouï et d’invisible qui s’y fait entendre.
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Freud l’artiste, dans les Trois Essais sur la Théorie de la Sexualité*

Quand Freud écrit le manuscrit qui deviendra  » Les trois essais sur la théorie de la sexualité », il rédige aussi, sur une autre table de travail, le manuscrit du « Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient »

Sans doute passe-t-il de l‘un à l’autre. Le lecteur peut être surpris de l’apprendre car il n’y a rien d’évident qui lie ces deux ouvrages.

A l’occasion du premier centenaire de la publication des « Trois essais sur la théorie de la sexualité » de Freud qui nous réunit à Mexico grâce à l’invitation de la Red Analitica lacaniana, je vais essayer de vous transmettre que Freud, dans ces deux ouvrages, est conduit par la même question qui met en continuité symbolique de façon inattendue  » Le mot d’ esprit et ses rapports avec l’inconscient  » et « Les trois essais sur la théorie de la sexualité ».
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Transfert et changement de discours*

Le psychanalyste et l’artiste

Le 27 septembre 1787, les proches de Mozart s’inquiètent. Ils ne peuvent penser à autre chose qu’à l’ouverture du Don Giovanni que Mozart n’a pas encore écrite. Le 29, il dirigera la première au théâtre national de Prague en Bohème.

Mozart est serein. Il sait qu’il l’écrira dans la nuit du 27 au 28. Il l’annonce à sa femme Constance[1] et lui demande de rester avec lui et de lui parler. Elle lui raconte des histoires. Il se tord de rire mais il n’écrit aucune note sur la partition.
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